Ce livre retrace la vie de Jacques Lusseyran, un résistant qui a la particularité d’être aveugle et d’avoir dès l’âge de 17 ans créé et organisé un groupe de résistants de plus de 600 jeunes hommes et femmes, « les Volontaires de la Liberté » ; un groupe qui mènera des actions dans la capitale et qui rejoindra ensuite le réseau « Défense de la France ». Jacques Lusseyran sera arrêté dans le cadre de ces actions et y rencontrera sa première femme.

En 1943, il est déporté à Buchenwald avec nombre de ses amis, après qu’ils aient été dénoncés en groupe par un infiltré.

Jacques Lusseyran est un garçon né de parents aimants qu’ils lui ont apporté amour et sécurité, qu’ils lui ont fait découvrir Paris mais aussi la campagne angevine dont il apprend à sentir toutes les odeurs et à repérer toutes les couleurs. Ce sont ces couleurs qu’il gardera en tête quand un jour d’école alors qu’il a 8 ans, il perd ses yeux au cours d’un accident tragique. Il manque de mourir.

Et s’en sort en découvrant la lumière intérieure. « Il dit que la cécité le rend plus heureux, plus affamé de ce que la terre peut offrir ». Il dira : « Je ne voyais plus avec les yeux de mon corps, je voyais avec les yeux de mon âme ». La cécité le force à ne pas céder au médiocre, à vivre la vie à fond, à ne connaître que des gens vrais. C’est cette force qui le conduit vers la résistance et vers l’engagement. Un engagement total dont il ne sortira pas indemne. Sa foi en la vie est atteinte après sa sortie de Buchenwald. Tant d’amis sont morts et lui survit.

Au printemps 1945, son retour à Paris est compliqué. Il se marie mais est au bord de la dépression constante malgré la naissance de ses enfants. Aidé par un gourou, il se relève et se fabrique une nouvelle vie en partant aux Etats-Unis avec sa seconde épouse. Il devient enfin professeur d’université, poste qui lui était interdit en France depuis Vichy à cause de sa condition d’aveugle.

Jacques Lusseyran aimait, par-dessus tout, les femmes qui lui rendaient bien. C’était un bel homme au charme indéniable. « Pour lui,…, de tous les sentiments, seul l’amour avait un visage ». Trois fois marié, cent fois infidèle…

Jérôme Garcin écrit avec délicatesse et une plume sans égale un livre subtil et lumineux. Constitué de courts chapitres, remplis de citations de cet auteur, autobiographe et romancier, à la vie aussi romantique que ses œuvres, « Le Voyant » est une respiration de lumière et de sagesse.