Un château de verre d’une grande fragilité

Ce vendredi 23 septembre, nous nous sommes retrouvées pour notre Rv de rentrée pour parler d’un livre américain bouleversant : « Le Château de Verre » de Jeannette Walls.

Nous avons croqué dans de délicieux plats préparés dans le restaurant L’Art des Mets à Béthune.

©copyright croqueusedelivres.fr 2016
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Ce roman ou plutôt cette autobiographie nous conte la vie de Jeannette et de ses frères et sœurs, dans les années 70,  baladés d’Etat en Etat par leurs parents, deux êtres hyper-sensibles, rêveurs et bipolaires que la vie n’épargne pas et qui ne prennent pas toute la mesure de leur vie de parent.

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Au début du livre Jeannette a 3 ans, vit dans un mobile-home et vient de se brûler en faisant cuire des hot-dogs. Elle est hospitalisée car sévèrement brûlée mais son père a décidé que le séjour était inutile et il vient la soustraire aux soins hospitaliers. Peu de temps après, Rex le papa, rentre à la maison, dit à tous de prendre quelques affaires et de rentrer dans la voiture. La famille commence alors une existence nomade, allant de San Francisco, Las Vegas à d’autres villes du désert américain. Pendant ce temps, Rex recherche de l’or et essaie de développer un outil innovant pour dépasser les autres chercheurs d’or.

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Finalement, la famille s’installe à Battle Mountain, une ville minière et Rex obtient un travail stable. Les enfants sont alors au compte de 4, vont à l’école et se font des amis. Quand leur père perd à nouveau son travail à la mine, la misère est au rendez-vous. Il leur faut voler les repas des petits camarades d’école et dormir sous des cartons à la maison, car le chauffage est inexistant.

Les parents finiront SDF à New York, les enfants seront résilients malgré tout et s’en sortiront. Celle qui aura le plus de mal à s’en sortir sera la plus jeune qui a été le plus protégée par sa mère. Les parents se sépareront à la fin de leur vie et vivront dans un squat.

Mais quelle vie ! C’est touchant sur tout pour des parents que nous pouvons être de lire ce récit. On a envie de prendre les enfants avec soi, de les protéger, de les extraire de cette existence sans fond ni stabilité…

Mary, la maman, nous a extrêmement gênée. Instable, elle se croit artiste et a une relation aux enfants particulièrement immature. Elle mange devant eux qui ont faim la dernière plaque de chocolat !

Maman n’aimait pas beaucoup faire la cuisine : « Pourquoi passer l’après-midi à préparer un repas qui sera avalé en une heure, quand dans le même temps, je pourrais peindre un tableau qui durera toujours ? »

Rex, le papa, est dans l’affect. Il rêve, se croit indestructible, ne voit pas le danger. Il amène ses enfants à rêver, à développer leur imaginaire :

« Papa avait perdu son emploi à la mine de gypse et nous n’avions plus du tout d’argent à la fin de l’année. Le soir de Noël, la nuit tombée, il nous a emmenés l’un après l’autre dans le désert. (…) J’avais cinq ans cette année-là. Je me suis assise près de lui et nous avons regardé le ciel. Papa adorait parler des étoiles. (…).
– Montre-moi ton étoile préférée, m’a-t-il demandé, ajoutant que je pourrais l’avoir pour de bon. C’est mon cadeau de Noël.
– Tu ne peux pas me donner une étoile, ai-je rétorqué. Les étoiles n’appartiennent à personne.
– C’est vrai. A personne d’autre. Il te suffit de déclarer qu’elle t’appartient avant que quelqu’un d’autre ne le fasse, exactement comme ce métèque de Christophe Colomb a proclamé que l’Amérique appartenait à Isabelle de Castille… »

Quand Jeannette a trois, qu’elle se brûle et qu’elle tombe de la voiture dans laquelle il ne l’a pas attachée, il l’a traite de « morue » !!!

Dans ce mode éducatif, tout est tourné en dérision, tout est aventure pour les enfants.

« Papa et Maman tenaient beaucoup à ce que nous ne cédions ni à la peur ni aux préjugés, ni ne nous laissions influencer par ces poules mouillées conformistes qui expliquaient aux gens la meilleure façon de marcher. »

 

3 réflexions sur “Un château de verre d’une grande fragilité

  1. Livre bouleversant qui nous montre un mode éducatif loin de nos normes personnelles. Malgré un couple parental immature et un cadre familial matériellement insécurisant, ces 4 enfants grandissent malgré tout dans un milieu aimant, fait d’optimisme et d’espoir, de dérision et de libertés, mais aussi d’ inconscience et de désillusions avec des rêves utopiques qui ne verront jamais le jour. La solidarité fraternelle est au coeur de l’évolution de ces enfants au fil des âges, dans la recherche constante du minimum vital (la nourriture, le chauffage…). Ils portent le rôle d’un couple parental défaillant… dans la bienveillance mutuelle… mais loin de l’insouciance de l enfance…. « le chateau de verre » est un livre absolument magnifique…

  2. Quelle enfance incroyable! On est inquiet, angoissé pour ces enfants souvent livrés à eux mêmes et en même temps, on se rend compte qu’ils s’en sortent…Bravo Jeannette Walls !

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