C’est un roman extraordinaire qu’il nous a été donné de découvrir ce mois-ci : Charlotte de David Foenkinos. Ayant essayé plusieurs fois de raconter l’histoire de cette jeune peintre allemande d’origine juive au destin tragique, David Foenkinos a finalement opté pour une prose poétique, au rythme plein de grâce, à l’allure pleine de subtilité et de douceur. Car il en fallait de la douceur pour évoquer ce destin.
« Pendant des années, j’ai pris des notes », écrit-il,
« j’ai parcouru son oeuvre sans cesse.
… J’ai tenté d’écrire ce livre tant de fois.
Mais comment ?
…J’éprouvais la nécessité d’aller à la ligne pour respirer.
Alors j’ai compris qu’il fallait l’écrire ainsi. »
Charlotte : jeune fille à l’histoire familiale compliquée, teintée de suicides et de fatalisme. Jeune fille qui malgré tout essaiera de vivre pleinement, de survivre malgré ce prénom pesant, malgré une mère absente, malgré un père peu présent, malgré un grand-père entreprenant, malgré un amant maladroit et égocentrique, malgré les camps de la mort. L’art la sortira d’elle-même et lui permettra d’endurer le pire.
D’Allemagne en Suisse, de Normandie à la Côté d’Azur en passant par les camps du Sud-Ouest, Charlotte voyage et s’exprime par son art, la peinture et les mots. En quelques années seulement, toute son oeuvre sera créée. Cette oeuvre, elle la confie à un docteur qu’elle connaît, tout tient dans une valise. Elle lui confie en lui disant « C’est toute ma vie ». Dans cette valise, ses œuvres, ses écrits, ses peintures, son âme. Peu de temps après, elle sera arrêtée enceinte avec son mari. Ils ne survivront pas. Elle avait 26 ans.
Le 22 mai dernier, nous avons dîné au restaurant « La Feuille de Vigne » à Annezin. Très bon repas, excellent accueil, bonne soirée. Nous avons pu discuter tranquillement de ce livre bouleversant.
Auparavant, nous avions participé à une soirée des Lettres Nomades organisées à Béthune sur la Péniche Littéraire. Ce soir-là, nous avons eu la chance d’écouter 3 écrivains : Patricia Nolan, auteur poétesse irlandaise qui nous a lu quelques poèmes. L’un parlait des prisons de Longuenesse, l’autre de la famine au 19è siècle en Irlande. Puis Jean-Marie Blas de Robles qui nous a lu des extraits de son dernier roman L’île du Point Némo, roman farfelu d’aventures. Enfin, Salim Bachi, qui nous a fait partagé son dernier roman « le Consul », portrait d’un juste portugais au cours de la deuxième guerre mondiale. La péniche était comble, l’ambiance chaleureuse et animée par Xavier Marquis, musicien de talent.