Prendre ou perdre racine

Un beau parti

Neel a beau avoir étudié aux Etats-Unis et y être devenu un docteur réputé, quand sa mère l’appelle pour lui annoncer que son grand-père est mourant, il n’a pas de choix que de prendre l’avion et de se précipiter à son chevet. Sauf que son grand-père va très bien et que le but inavoué de la visite est de lui faire rencontrer des jeunes filles pour qu’enfin il se marie. Neel va se retrouver malgré lui marié à Leila qu’il n’a vu qu’une seule fois. Elle est plutôt âgée (30 ans), travaille, est indépendante et très jolie mais n’a pas de dot. Ce qui a plus d’une fois fait reculer d’éventuels prétendants. Elle aussi se retrouve « piégée » dans ce mariage arrangé qui ne les arrange qu’en partie.

Leila est, heureusement pour elle, cultivée, anglophone et très excitée à l’idée de partir vivre au pays de l’oncle Sam. Neel revient à San Francisco avec plus qu’une valise, une épouse qu’il n’a pas choisi et dont il n’annonce pas l’existence à sa maîtresse californienne, blonde et secrétaire à l’hôpital où il travaille. Neel lui mènera la vie dure, avec la seule idée de se débarrasser d’elle. Mais Leila va attendre son moment. D’abord effrayée, soumise, perdue dans un monde dont elle ne connaît rien, elle va se ressaisir, deviner, comprendre, refuser – et gagner jusqu’au bout.

Paradoxe de l’âme

« Il avait l’impression de s’être métamorphosé en un personnage d’un roman de Kafka. Un jour, il était le docteur Neel Sarath, un homme tenu par la seule obligation de travailler, qui mangeait de la viande de bœuf quand il en avait envie et passait la nuit avec une femme blanche en dehors des liens du mariage. Et le lendemain, sans qu’il ait donné son accord, il se retrouvait dans la peau de l’homme qu’il avait abandonné derrière lui. Il était de nouveau Suneel –petit fils, fils, neveu, mâle indien accompli. Des gens qu’il ne connaissait pas le félicitaient en lui tapant dans le dos, proféraient des conseils qu’il n’avait pas demandés et exigeaient toujours plus de lui. Tout d’un coup, il était à la fois la personne la plus importante et, inversement, celle qu’on respectait le moins. »

Plusieurs couples mixtes sont ici présentés, indien et américain, ou comme Leila et Neel tous les deux indiens mais dans un pays étranger. A chaque fois, écoute et tolérance peuvent être la clef du succès. La façon dont Neel appelle son épouse Lee au lieu de Leila, pour tenter d’américaniser son prénom et permettre une meilleure intégration peut paraître puérile. Ou pas…

« Leila savait aussi ,pour avoir enseigné à ses élèves la notion d’orgueil démesuré ,que la chance pouvait tourner facilement. Faust,Tamerlan,Macbeth,ils s’étaient tous élevés pour se retrouver au plus bas de la roue de la fortune. »

Un livre plaisant qui questionne l’identité, la famille, son influence, les racines et la façon de s’en libérer… ou non.

Anne Cherian est née en Inde et a étudié aux universités de Bombay, Bangalore et Berkeley. Elle vit aujourd’hui à Los Angeles. Une bonne épouse indienne est son premier roman.

 

"Une bonne épouse indienne" de Anne Cherian

Josette Chicheportiche (Traducteur)

EAN : 9782715228917

468 pages

Éditeur : LE MERCURE DE FRANCE (14/01/2010)

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