6ème saison de notre BookClub
Samedi 21 septembre, nous nous sommes retrouvées pour une 6ème saison de notre club de lecture « Les Croqueuses de Livres ». Une saison riche en lectures variées et passionnantes qui vont nous faire voyager dans le temps et l’espace. Chacune des six membres du club ont proposé au moins deux lectures. Le planning reflète cet éclectisme.
Nous avons dîné au Petit Bouchon près de Béthune : cuisine du terroir ! Parfait pour nos discussions littéraires ! 
Nos lectures du mois de septembre nous ont promené de Calais aux Pyrénées, dans deux ambiances particulièrement opposées.
« La Maison » de Mathias de Breyne
Tout d’abord « La Maison » de Mathias de Breyne raconte une belle histoire d’amour entre un aventurier des temps modernes qui, après avoir exploré le monde, a posé ses valises en France et retape des maisons.
Il en est à la sixième. Dans le Gers, les Alpes, les Cévennes, en Normandie, dans le Jura. Gab n’a pas eu six femmes dans sa vie, mais six maisons. La dernière en date située dans les Pyrénées, il l’aime de tout son cœur, mais le temps est venu pour lui de la laisser. Il prépare alors une petite annonce pour le couple ou la personne qui reprendra et aimera cette bâtisse aux accents nordiques.
A Lyon, Magda en a assez de sa vie de robot, et de se casser le dos devant un ordinateur. Elle a envie de changer d’espace, quitte à partir assez loin. Elle regarde les petites annonces et l’une d’entre elles se détache du lot.
Mirepoix, Pyrénées. » Maison en pierre, rue calme, jardin zen. Un premier étage scandinave, on se plonge dans l’aurore boréale, un deuxième étage très Amérique centrale, lorsqu’on ouvre la fenêtre on croit voir la mer translucide et les oiseaux exotiques. Rez-de-chaussée contemporain, design. Beaucoup de bois de qualité. Une maison très pragmatique mais qui laisse la place au rêve. Et à la sensualité. »
Quand Magda visite la maison de Gab, c’est le coup de foudre.
« La Maison » est un roman feel-good. Il possède une écriture assez originale qui essaie de masquer les faiblesses de l’histoire. Mais le groupe s’est bien diverti en le lisant.
La Maison De Mathias de Breyne ISBN : 2714474152 Éditeur : BELFOND (09/06/2016)
« Une fille dans la jungle » de Delphine Coulin
Notre deuxième ouvrage fut « Une fille dans la jungle » de Delphine Coulin. Un livre très sombre et réaliste sur la Jungle de Calais ou plutôt son démantèlement, et comment 6 enfants parvinrent à survivre au milieu de la crasse et face aux autorités.
On suit Hawa, une ado Ethiopienne, une fille qui fuit un mariage forcée. Hawa va rencontrer plusieurs enfants qui comme elle décident de rester malgré la disparition de la jungle et des quelques cabanons. Malgré les assistants sociaux qui tentent de les faire monter dans les bus vers des centres d’hébergement. Elle décide de rester là car elle a peur d’être séparée de ses copains et elle aura peut-être plus de facilité à aller en GB quand la jungle sera démantelée.
Il faut savoir que ce sont environ 10.000 enfants et adolescents qui ont disparu en Europe, depuis quelques années, récupérés par des trafiquants. 10.000 identifiés, donc sans doute beaucoup plus.
Les premiers mots qu’un enfant immigré apprend sur le territoire français : Oui, Non, Dégage.
Six enfants et adolescents dans une ambiance de fin du monde.
Elle n’avait plus rien. Elle avait peur de finir par devenir folle. Elle savait que parfois trop d’humiliation faisait perdre la tête, quand on n’avait plus rien pour être sauvé. Elle avait vu un garçon en Afrique qui était devenu fou à force d’être berné par les policiers et les passeurs à tour de rôle, elle avait vu le fou de la jungle, et Ibrahim lui avait raconté les enfants fous du centre pour mineurs en Grèce. Elle savait. Chacun essayait de survivre avec ses propres moyens jusqu’à ce que son cerveau lui-même le protège en le faisant verser dans la folie pour lui éviter trop de douleur.
Delphine Coulin a travaillé sur le concret :
Scènes violentes, montrer la boue, le manque d’hygiène, sujets délicats, détails concrets sur la réalité de leur vie pour montrer ce que c’est que quitter sa maison, perdre tout son argent à un trafiquant, monter sur une embarcation branlante, tous les détails d’odeur, de lumière de sensations pour rentrer dans la tête des enfants et comprendre ce qu’ils vivent. On apprend l’origine du mot « jungle » : ce sont les premiers migrants qui ont vu la forêt près de la plage, en anglais « jungle ».
« Une fille dans la jungle » est un roman qui utilise les 5 sens.
Il a réclamé sa mère, une fois, deux fois. Alors Milad lui a demandé s’il voulait sa mère qui pleurait, la guerre qui faisait peur, les hommes qui faisaient du mal. Jawad a répondu oui. Milad a dit que c’était comme de dire qu’il préférerait être mort. Alors le petit a dit que c’était exactement ce qu’il pensait. Son grand frère n’a plus rien dit.
C’est le monde qui arrive si on ne change rien.
Ce sont des enfants adultes, fracassés, ils gardent néanmoins des histoires d’amitié, d’amour, continuent à être naïf, à y croire ; nuit après nuit, ils tentent leur chance.
Delphine Coulin recherche dans ce livre ce qui fait leur résilience. Qu’est-ce qui fait qu’ils continuent ?
Il [Milad] était au-dessus des habitudes et des a priori, et considérait qu’ils avaient tous la même histoire : ils voulaient une vie meilleure, comme tous les hommes sur la terre. Il disait que chacun avait son Angleterre, et pas seulement les migrants. Chacun avait besoin d’un espoir de changement.
Dans ce livre, il y a les codes du polar quand ils essaient de passer en Angleterre, quand ils se font avoir par toute une bande de passeurs c’est affreux. Il y a un twist à la fin très intéressant qui donne un rayon d’espoir.
Tout le groupe du club de lecture a aimé, malgré la dureté des situations. Notre discussion a été passionnante.
Une fille dans la jungle Delphine Coulin ISBN : 2246814340 Éditeur : GRASSET (23/08/2017)
